Inauguré en 1932, ce chef-d’œuvre symbolise la parfaite connivence entre l’architecte et ses clients. Robert Mallet-Stevens, architecte novateur, amateur de lignes droites et de simplicité conceptuelle, a été engagé par les Cavrois, un couple bourgeois du Nord de la France qui avait eu connaissance de ses précédentes réalisations et possédait une vision très claire et avant-gardiste de la demeure qu’il souhaitait construire.
Entouré d’un parc de 20.000 m2 aménagé avec un miroir d’eau, le « château » rêvé par les Cavrois possède une façade austère de 60 mètres linéaires et une surface habitable de 2800 m2. Ses grandes fenêtres, ses nombreuses terrasses et ses vastes espaces intérieurs lumineux étaient peu conventionnels à l’époque. Des matériaux naturels comme le bois et le marbre et une technologie en avance sur son temps (chauffage central, téléphone, ascenseur, etc.), conjugués à un agencement résolument fonctionnel, confèrent encore aujourd’hui une grande modernité à ses espaces intérieurs inondés de lumière naturelle. Robert Mallet-Stevens a non seulement conçu les volumes architecturaux, mais aussi le design intérieur, le mobilier et l’intégralité du projet en se focalisant sur des lignes droites, des formes simples, des matériaux nobles et une fonctionnalité maximale.
À la fois icône architecturale et héritage artistique, la Villa Cavrois a été reconnue comme telle par l’État français lors de son acquisition en 2001, dans le but de mener à bien un processus exhaustif de restauration, nécessaire en raison de l’état d’abandon et de destruction dans lequel se trouvait la demeure, abandonnée à la fin des années 1980 puis dévalisée et vandalisée.
Une étude préalable approfondie des archives existantes a été réalisée par des historiens, des architectes et des artisans experts, permettant ainsi une réhabilitation conforme au projet original.
La plupart des éléments de décoration, l’éclairage et les meubles ont pu être restaurés ou reproduits grâce à des photographies anciennes. Les matériaux originaux ont été identifiés et recherchés. Des artisans experts ont appliqué les techniques utilisées à l’époque afin de maintenir la personnalité et l’originalité du projet malgré les dommages subis au cours du temps. Des restes de peinture sur les murs ont aidé à identifier les couleurs d’origine exactes, si caractéristiques des espaces intérieurs de la demeure. La villa, bien qu’ayant une décoration spartiate, avait été conçue avec des matériaux luxueux, malheureusement volés ou détruits au cours des vingt années précédant le projet de restauration. Le marbre, disparu dans les années 1990, a été placé à nouveau, et le parquet a été restauré 70 ans plus tard par la même entreprise qui l’avait installé en 1932… Il a également été décidé de ne pas restaurer l’une des pièces d’un étage supérieur de l’édifice, mais de la maintenir en l’état, comme témoin de son passé tumultueux.
La réhabilitation de l’extérieur du bâtiment a duré 12 ans, et les espaces intérieurs n’ont été achevés qu’en 2015. On estime le coût des travaux à environ 23 millions d’euros.
Depuis 2012, la Villa Cavrois fait partie du Programme mondial de préservation des maisons emblématiques du XXe siècle et peut être visitée. Elle dévoile à présent toute la beauté et le charme de son histoire mouvementée. C’est une visite incontournable pour tous ceux qui voyagent dans la région de Lille.
Nous vous invitons à découvrir l’avant et l’après : la renaissance de la Villa Cavrois.
